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Classer la cuisine française à l'UNESCO Les chefs font monter la sauce

"La cuisine, c'est de la culture": des chefs très étoilés et des gastronomes en sont si convaincus qu'ils demandent la reconnaissance par l'Unesco de ce "patrimoine culinaire et gastronomique" comme "patrimoine culturel immatériel de l'humanité".

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"Chacun d'entre nous doit se mobiliser", estime Olivier Roellinger, chef des Maisons de Bricourt à Cancale (ouest), pour qui la France a tendance à être" trop dépressive dans son discours sur la cuisine". "Il faut que tout le monde agisse", renchérit Philippe Legendre, du Cinq, le restaurant gastronomique du palace Georges V à Paris. Tous deux figurent parmi les membres du comité de soutien constitué à l'initiative de l'Institut Européen d'Histoire et des Cultures de l'Alimentation (IEHCA) et de l'Université de Tours (centre) qui ont officiellement demandé au ministère de la Culture de saisir l'Unesco.

Le comité comprend pour l'instant une centaine de personnes, dont les grands chefs français: Paul Bocuse, Alain Ducasse, Michel Guérard, Pierre Troisgros, Marc Veyrat, Alain Passard... Mais aussi l'ancien ministre de la Culture Jack Lang ou l'écrivaine Irène Frain. L'Unesco a rejeté l'année dernière une demande du Mexique d'inscrire sa gastronomie au patrimoine immatériel de l'humanité. Il s'agissait d'une première pour la gastronomie d'un pays.

L'initiative française, souligne Francis Chevrier, créateur et directeur de l'IEHCA, "ne doit pas être seulement une affaire de grandes toques". "Il faut que les Français se reconnaissent dans ce combat et le portent". "Il ne s'agit pas de prétendre que notre cuisine est plus exceptionnelle que d'autres", ajoute-t-il, "mais d'affirmer et de prouver que, pour nous Français, la cuisine fait intimement partie de notre culture, de notre patrimoine et de notre identité. Et que nous revendiquons cet état de choses". "Si l'Unesco reconnaît que la cuisine, c'est de la culture, moi ça me suffit", lance-t-il.

Pour Jean-Robert Pitte, président de la prestigieuse université Paris IV-Sorbonne, "nous avons des fragilités qui tiennent au fait que les Français se laissent aller dans leur alimentation domestique et quotidienne". Il est temps qu'"ils réinvestissent un pan essentiel de leur identité". "La bonne cuisine, c'est une vraie cause nationale" et le dossier pour l'Unesco "peut nous aider à lancer cette campagne", dit-il. Mais "on ne réussira que si on y va sans arrogance", ajoute-t-il. Les partisans du projet balaient tout risque de figer la cuisine française.

Elle ne deviendra pas pour autant "un élément de musée, parce que la cuisine, c'est un mouvement", affirme Jean-François Piège, chef des Ambassadeurs, le restaurant gastronomique du palace Crillon à Paris. Le projet "a reçu une réponse très favorable" du ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres, selon Christophe Marion, chargé de mission scientifique à l'IEHCA, selon qui le projet ne devrait pas être présenté à l'UNESCO avant 2008.

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